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mercredi 22 juin 2011

LIBAN : Documentaire sur la Franc-Maçonnerie dans le Monde


LIBAN:

Documentaire sur la Franc-Maçonnerie



« J’ai frappé à la porte du temple », documentaire de Carmen Labaki
Par Roula AZAR DOUGLAS





Carmen Labaki, primée à Hollywood pour le meilleur film documentaire en 2005, à l’Arpa International Film Festival pour la réalisation et la production de « Arman Loubnan » (Les Arméniens du Liban), vient de réaliser et de produire un nouveau documentaire sur la franc-maçonnerie dans le monde intitulé « J’ai frappé à la porte du temple ». Campus ( L'Orient-Le Jour ) l’a rencontrée.


Pourquoi la franc-maçonnerie ?
Mon enquête sur la franc-maçonnerie dans le monde a pour but de mettre à la disposition du grand public des informations véridiques sur un sujet mal connu, mal compris, rarement traité par les médias, ou abordé de manière partisane.
« J’ai frappé à la porte du temple » entend montrer le vrai sens de la franc-maçonnerie en abordant le sujet d’une manière objective et authentique. Il ouvre une fenêtre assez large dans son histoire, pour ainsi expliquer combien son rôle est pugnace jusqu’à nos jours.

Parlez-nous du making-of de « J’ai frappé à la porte du temple ».
Le tournage eut lieu dans de nombreux pays : les États-Unis, le Brésil, la France, la Grande-Bretagne, le Portugal, le Luxembourg, la Suisse, l’Italie, le Vatican, la Turquie, le Liban et bien d’autres pays pour recueillir les informations nécessaires au documentaire.
J’ai choisi une structure narrative à la première personne du singulier pour emmener le spectateur dans un voyage d’exploration, d’aventures et d’émotions. Je pose les mêmes questions que lui-même se pose. D’ailleurs, je me suis mise dans la vraie situation maçonnique : dans le temple et le cabinet de réflexion. J’ai assisté aussi aux cérémonies. J’ai pensé, senti, eu peur, découvert, vu leur lumière, compris leurs messages, leurs langages, leurs buts. J’ai voulu transmettre tout cela au spectateur et lui laisser la liberté absolue de penser à son tour, de conclure et de construire sa propre opinion.

Que représente votre nouveau documentaire ?
Ce film est la synthèse de deux années de travail et de repérages sur le terrain, de recherches approfondies menées dans un souci d’objectivité. Il s’appuie sur des faits réels et authentiques, des témoignages recueillis, avec la volonté de respecter l’esprit et de ne trahir aucun de ceux qui ont donné leur point de vue. Les intervenants sont des Grands Maîtres, des historiens, des représentants de l’Église catholique et de la religion musulmane et de beaucoup d’autres. Certaines interventions auront un effet de choc pour le public. De vrais scoops. Des témoignages inattendus.



Un dernier mot ?
J’ai traité le sujet de la franc-maçonnerie dans son ensemble et à tous les points de vue. La spécificité de « J’ai frappé à la porte du temple » est d’avoir franchi les frontières pour donner une image plus globale de la franc-maçonnerie.

site du Grand Orient Arabe Oecuménique " L'Orient Maçonnique " : www.grandorientarabe.org

lundi 20 juin 2011

Franc-Maçonnerie: Vous avez dit « régulier » ?«

« Êtes-vous maçon ? Mes frères me reconnaissent pour tel ». Telle est la bonne, et sans doute la seule, réponse conforme à la tradition : un maçon « régulier » est un maçon initié régulièrement. Tout le reste manque la première demande maçonnique « régulière » : la tolérance.


Dans ses Catéchismes Cohens, Martinès de Pasqually[1] voyant dans ses propres temples l'aboutissement de la démarche symbolique maçonnique, considère les francs-maçons non-Cohens comme des « Maçons apocryphes ». Apocryphe, en ce milieu du XVIIIe siècle devient le meilleur synonyme de notre « irrégularité ». Nous sommes tous, de fait, l’irrégulier d’un autre !
Être « régulier[2] » c’est, selon les époques et les écoles, se rattacher à une tradition imaginaire Cohen, égyptienne, templière ou purement littéraire, rejetée par d’autres. Faut-il suivre Joseph de Maistre, tant révéré dans ce milieu, pour être régulier ? Lui qui propose de renoncer à l’héritage templier supposé dans certains grades, puisqu’ils étaient coupables ; lui qui demande de la même manière d’abandonner « les folies de Memphis » pour s’attacher à l’Évangile seulement. « Régulier » est un label décerné par… qui veut, car il n’y a pas d’Instance de Vérification dans ce monde de la fraternité fait de guerres, de scissions et de fusions, de compromissions et de dissidences, sans cesse depuis sa création.
Puis-je être un maçon catholique « régulier » lorsque je me rattache aux Constitutions d’Anderson et Desguliers (Londres 1723), anglaises… et protestantes ? « Un maçon, s’il entend exactement l’Art, ne sera jamais un stupide athée ni un libertin irréligieux ». Il faut préciser encore que l’original anglais dit « he will never be a stupid atheist » ce qui sous entend que tous les athées sont stupides (un athée stupide), et non un être stupide qui est athée, comme l’exprime la traduction française. Comment puis-je être « régulier » vis-à-vis du Grand Orient en jurant sur l’évangile de St Jean ? Comment même puis-je être un maçon régulier auprès, également, de mon Église après plus de 270 ans de condamnation sans trêve de ma situation ? Dieu, pour le chrétien, ne peut être « un principe créateur », pas plus qu’un « concept philosophique ».
La régularité bien comprise serait-elle encore un gage de sociabilité ou de d’humanisme ? Ainsi Pinochet était un maçon « régulier » au sens français du mot et, comme tel, il fraternise en maçonnerie « régulière » avec Salvador Allende, maçon également[3] comme une douzaine tyrans africains dont les Bongo ne sont pas les pires.
Faudra-t-il arriver à créer un statut qui, comme le demande l’article de Wikipedia[4], « reconnaissent la légitimité des francs-maçonneries féminines et mixtes, […] qui acceptent les athées et autorisent ses membres à visiter toutes les obédiences ? … » et encore, la proposition de l’encyclopédie libre oublie l’acceptation des homos (et les lesbiennes), fait l’impasse sur les noirs albinos, les mangeurs de mouches et les extra-terrestres, la reconnaissance pleine et entière de la maçonnerie américaine etc. Faudrait-il tout préciser pour définir la tolérance ?
Tout n’est que compromis… si l’intelligence le permet.
Concluons ce bref message avec Oswald Wirth (1860-1943) qui, dans son Livre du Maître (Dorbon-Ainé, 1922), nous propose une solution claire et libérale pour définir ce qui est, ou non, régulier : « L'indépendance des Loges et la souveraineté des Maîtres s'affirment dès la fondation de l'atelier. Celui-ci se constitue de par la volonté des Maîtres qui se sont unis en vue de la création d'un nouveau foyer de vie maçonnique. Ces Maîtres exercent en cela un droit imprescriptible de la Maîtrise et ce sont eux qui légitiment la Loge qu'ils fondent, sans qu'ils aient d'autorisation à solliciter de personne. » Et si la confiance faisait partie du deal ?

[1] Pasqually a de nombreux émules dont L.C. de Saint-Martin ou J.B. Willermoz qui, par la suite, tentera de réintroduire l'influence de Pasqually en imaginant un système maçonnique d'essence chrétienne qui « rectifie » la Stricte Observance Templière. Ce système se divise en trois classes (ou cercles concentriques) dont le centre est « l'Ordre des Chevaliers Maçons Élus Cohen de l'univers ». Mais seuls les deux premiers cercles sont acceptés au Convent de Wilhemsbad en 1782, donnant naissance au Rite Écossais Rectifié. (Cf. Gilles Le Pape, Les écritures magiques, Paris : Archè, 2006).
[2] Pourquoi dire « régulier » ? Ce mot vient des maçons anglais qui l’utilisent (regular) pour signifier ce qui est ordinaire ou standard, mais non ce qui est légitime.
[3] Initié le 16/11/1935 en la R :.L :. Progreso No. 4, Valparaiso, de la G :.L :. régulière du Chili, dont il en est le Vénérable en 1965/66.
[4] Article : Régularité maçonnique.

Source: Site Officiel du Grand Orient Arabe Oecuménique: www.goao.org